L’idée même de « portrait musical » a l’attrait du paradoxe. En effet, comme Carl Dahlhaus en a retracé la genèse dans L’Idée de la musique absolue (Genève, Contrechamps, 1997), les discours sur la musique à l’âge romantique, relayés et renforcés par les esthétiques formalistes, ont imposé une conception de la musique comme art non signifiant et inapte à la représentation. Bien qu’elle soit de nos jours critiquée et relativisée, cette pensée n’en demeure pas moins dominante, ne serait-ce que sous la forme d’un « inconscient » théorique. Comment comprendre et envisager, dans ces conditions, la persistance d’un imaginaire mimétique chez les compositeurs, et la fertilité poétique de la notion de « portrait » dans le répertoire musical ?